Le 18 janvier 2023, au tout petit matin glacial (3h30 !), nous embarquions dans notre bus avec les classes de BTS SCBH et CCST 2ème année, direction la capitale. La première étape de cette sortie nous amena dans le bois de Boulogne, juste à côté du jardin d’acclimatation, pour découvrir un bâtiment extraordinaire, construit au superlatif, la fondation Louis VUITTON, qui abrite la collection d’art moderne et contemporain de Bernard ARNAULT. C’est après avoir effectué une visite du musée GUGGENHEIM de Bilbao (Espagne) que le milliardaire choisit l’architecte américano-canadien Franck O. GEHRY pour concevoir son musée. Cet architecte, à l’écriture architecturale reconnaissable entre toutes, a signé ici un autre bâtiment unique, tant sur le plan esthétique que technique. Six ans de chantier (2008-2014), plus de 15000 tonnes d’acier (+ de 2 x la tour Eiffel), des milliers de pièces uniques (verre, béton fibré) et surtout une structure mixte pour les verrières (bois/acier), hors-norme par leur aspect et leurs réalisations.
Le bâtiment ressemble à un vaisseau toutes voiles dehors (11 verrières pour un total de 13000 m2). Il semble à chaque instant vouloir rompre ses amarres, pour partir à l’assaut de la capitale, vers laquelle il est tourné. Car pour s’adapter à une législation très contraignante (R+1), Gehry a trouvé l’astuce d’enfoncer son bâtiment de 7 m sous la surface du sol et de le ceindre d’un bassin, lui donnant littéralement l’impression de flotter (en réalité, c’est ce qu’il fait, car pour compenser les faiblesses du terrain, il a été posé sur une semelle de béton de 2,50 m d’épaisseur !!!).
Le Musée ne comporte donc qu’un seul étage, mais celui-ci culmine parfois à plus de 26 m sous plafond (puits de lumière). Aucune limite de hauteur n’étant imposée, Gehry a pu ainsi ajouter un autre atout majeur à son bâtiment, en créant des toits-terrasses. Outre des vues magnifiques sur Paris et le quartier d’affaire de la défense, ces derniers offrent une déambulation extérieure à l’abri d’une véritable « canopée de verre ». Cela permet d’apprécier de près le travail incroyable des ingénieurs qui ont conçu la structure des verrières. Cette dernière est un savant mélange de d’acier et de poutres en lamellé collé, avec un montage articulé unique qui leur permet même de bouger de près de 15 cm en cas de vents forts.
La visite a bien sûr été aussi l’occasion de voir l’exposition qui confronte 2 grands noms de la peinture : Claude MONET et Joan MITCHELL. Cette présentation, richement dotée (le triptyque de l’agapanthe) a permis aux élèves de découvrir l’univers unique de ces deux artistes qui ont travaillé aux limites du réel, dans une figuration qui confine à l’abstraction.
Après le pique-nique, nous avons emprunté le métro pour nous rendre au musée MAILLOL (sculpteur moderne du début du XXème siècle) pour voir une exposition sur le corps, traité en sculpture de façon hyperréaliste. L’occasion de nombreux troubles dus à la confrontation étrange avec des semblables humains figés et irrémédiablement mutiques. Un miroir de notre humanité, cru, direct, exacerbé par la puissance de l’illusion et aussi le jeu des échelles. Tour à tour Gulliver ou lilliputiens nous déambulions entre des corps ou des morceaux de corps, allant de la surprise à la sidération. La célèbre phrase de Pablo PICASSO, « l’art est un mensonge qui donne à voir la vérité », trouvant ici, une parfaite illustration. L’occasion a même été donnée à l’un de nos élèves de tromper les sens de ses professeurs en jouant « une sculpture » encore plus vraie que nature (grâce à la proposition faîte par l’artiste Erwin WURM).
Nous disposions ensuite de 3 heures d’attente avant le départ. Ce temps a été mis à contribution par les élèves pour aller découvrir en autonomie d’autres monuments de la capitale (la tour Eiffel, le Louvre, l’esplanade des invalides, L’arc de triomphe et les champs Elysées). Beaucoup ont pu ainsi parachever ce « baptême », certes rapide mais nourrissant, de cette ville unique aux ressources culturelles et patrimoniales uniques.
Le retour s’est effectué sans encombre, non sans avoir cependant goûté « aux affres » de la vie parisienne (les incontournables embouteillages de début et fin de journée). À 2 heures du matin nous retrouvions notre modeste établissement, notre belle région et son calme bienfaisant, remplis d’images et de sensations puissantes. Assurément, une belle journée de contraste mais aussi et surtout, d’ouverture.